Archives du sériographe

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Notes pour une archéologie du signifiant fr série

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    Message  ireine Sam 19 Fév 2011 - 7:57

    sous




    ....sous tout ce qui est lisible dans la lumière du jour, que l'air oxyde, vernit, racornit, sous la poussière, sous la peau du monde habituel - si on décolle doucement ; ce qui a été protégé, même de notre pensée.


    .......la tension qui sépare l'émotion de l'action, un flux encore sans direction, semblable aux remous sous les cascades, une eau dangereuse, brassée. Parfois on reste pris dans ce qui tourne indéfiniment, toute la force occupée à se maintenir. Mais souvent un canal s'ouvre et alors l'écoulement commence - de plus en plus rapide, huileux.
    Dans ce temps très bref, placé au dehors des durées habituelles ou juste à la limite du temps, naît l'action. Et on n'y peut rien.


    ....les soubassements des creux d'un visage. Ceux des os mais aussi tous les héritages précédant la naissance, et l'histoire aussi des douleurs les plus prolongées, insolubles.


    ....la fente des paupière décrite de côté, paupières livrant par l'ouverture le feu d'une âme froide, âme d'idole, percevant les débuts et les fins.


    ....la peau de l'homme très malade, âgé, qui s'assied avec peine ; sous la peau pâle de son dos, la crête mince des apophyses vertébrales, tout à fait droite, parfaite. Son torse émacié, sous un pyjama rouge vif.


    ....la vision d'une sévère maison de brique pourpre, haute, vue de loin au bord d'un champ. Ses portes et ses fenêtres encadrées et quadrillées de blanc. La ligne du toit, et par cette ligne, ou sous elle, toutes les maisons de ce genre qu'on a vues, perdues dans une incroyable épaisseur de temps. Maisons traversées de jour, de part en part, leur pénombre et leur odeur dès l'entrée. On sent l'épaisseur mélangée de la mémoire - des feuillets dormant sous le moment qu'on vit là, debout et immobile, juste à regarder..


    ....la nuit opaque et glaciale, de retour de l'aéroport. L'autoroute cernée d'obscurité, dont la neige vient à peine de disparaître ; je pense que c'est une nuit à voir des bêtes engourdies, égarées. Soudain jaillit, très long et très pâle et comme rampant sous la lumière des phares, fulgurant, ce qui me semble être un renard. Une seconde irréelle avant que je ne heurte le renard, (ou qu'un arbre tombe, sans aucun bruit ?).... mais non, rien, tout se poursuit.


    Dernière édition par ireine le Sam 19 Fév 2011 - 8:04, édité 1 fois
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    Message  ireine Sam 19 Fév 2011 - 7:59

    dans




    ...dans ce corps habitant la moitié masculine du monde. La pliure des jambes, les muscles des loges postérieures, la circulation de l'énergie nerveuse au moment du saut, la sensation au moment où elles s'allongent, se détendent. Mais aussi celle des épaules qui se développent, bras à l'horizontale, et aussi ces mains, longues. Vivre absolument tout, juste une journée, pour savoir.

    .....l'eau froide quand on boit. Remonter le flux qui la porte, le tube d'où elle vient. Remonter, l'esprit attiré comme un poisson minuscule et glacé, sa pure unité, tandis qu'elle emplit - dans le même temps - toute la cavité de la bouche, le haut de l'oesophage pour un court instant sensible et vivant, et juste une seconde, tout l'esprit.

    .....dans la pénombre d'une chambre, voir seulement le bord d'un lit sur lequel repose un corps endormi.
    La jambe et le coude gauche d'un corps endormi, dans un relâchement complet, sur la surface horizontale du matelas et des draps froissés. Chambre silencieuse à part la respiration.

    .....la fin d'une journée, les ombres allongées, ombres qui semblent s'enfoncer dans la matière vaporeuse et douce des graminées sauvages, sur les talus. Ou un petit matin laiteux, l'odeur de l'air juste avant les moissons, comme en attente.

    .....aller très vite sur le large ruban d'asphalte (à cette heure teint de brun rouge). Etre entière dans les gestes des bras, qui suivent avec nonchalance chaque virage, parce que la route est déserte ou presque, des doigts à peine posés. Un léger parfum d'église flotte, un encens qui serait tiède et personnel.

    ....ailleurs : tout s'est éloigné. Il est inutile d'en appeler à un visage, à un regard, à une voix. Le regard a glissé et s'est posé en dehors du tableau, du cadre : "sans titre" aucun..... un parc dans lequel on s'est perdu une fois, enfant, avec de sombres dentelles de verdure, des allées de gravier sinueuses en surface et le miroir de l'eau dans lequel se mirent des nuages. De l'autre côté des bois, à peine touchés de jaune, un long ravin dans lequel se penchent des chênes. Pas d'eau au fond, pas de boue : un coulée de terre sableuse couleur de cuir. Le passé.
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    Message  ireine Sam 19 Fév 2011 - 8:01

    entre




    .....quelque chose dans les espaces virtuels, entre les troncs gris et serrés des bosquets coiffant les collines, leur similitude qui fait qu'on ne les regarde pas, qu'on ne les sépare pas du tout et pourtant chacun vivant pour sa propre part.


    .....Ce qui ne sépare pas la couche de terre arable de la roche, l'espace qui n'existe pas car elles se diluent l'une dans l'autre. Cet entre-deux. La profondeur de sol sans lumière qu'explorent les racines quand elles descendent, fissures, fines expériences tâtonnantes, où la vie installe des avant-postes, mène des colonies de cellules éclaireuses. Transparence de microns, parois fragiles, logique d'eau. Et temps autre, pas de pensée.


    .....L'hiver qui ressemble à ce mouvement de reptation parce qu'il n'y a pas d'émotion visible, que tout est comme de l'eau aveugle. La peur de cette eau froide descendue à son point le plus bas, et qui s'est arrêtée, attend sous la glace des flaques.


    ........quand on sera en petits morceaux, ce ciment qui ne les reliera plus et l'irruption de la grande séparation. L'union qui se défait et le monde du dehors reprenant ses droits, d'autres vies glissant des doigts qui nous écartent.
    Alors glisser dans la fente.


    Dernière édition par ireine le Sam 19 Fév 2011 - 8:03, édité 1 fois
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    Message  ireine Sam 19 Fév 2011 - 8:02

    vers


    .......Tandis que le soir tombe sur les longues lignes de peupliers,
    sur le fleuve traversé de ponts et de bancs de cailloux, coulant sous son interface infranchissable, son miroir, tandis que nous traversons le pays.
    Allant vers où nous allons, à la vitesse que nous y mettons, les vibrations, et nos regards toujours déjoués par l'effacement du paysage.
    Se crée un tube bleu sombre où le train bientôt s'engloutit, où nous nous endormons. Et le désir joue une musique dans ce basculement, cette hâte que nous ne ressentons pas, ce temps perdu. Les rêves sont comme des cailloux flous qu'on laisse filer en arrière, qui voyagent sur un autre bord du monde, vers d'autres lignes d'arbres, d'autres talus. Qui passera plus tard, là où je suis si souvent passée ?
    Où je n'aurai plus à passer, quand je serai arrivée.




    .......Que montres-tu, danseuse, tes mains ainsi cachées sous les bras, frileuse ? Tu as passé l'après-midi à errer dans le bois, manches de soie flottantes, d'un vêtement usé que traverse le froid du début de printemps. Tu erres, d'une allée tu t'enfonces dans le sentier, semblable aux arbres toujours mouvants, de creux en embranchement ; tu choisis. Plus rien ne règle les mouvements de ton corps assoupli, obéissant, plus rien ne s'impose.
    A la fin, fatiguée, tu parviens au bord d'un champ, et tu t'assieds sur le tronc d'un hêtre, les mains posées. Fine écorce grise dont tu perçois les reliefs. Ton regard se noie vers le haut de la colline, si ensoleillée, puis part au delà.



    .......vers rien
    mais alors, rien.



    .......Ils sont au travail à ciel ouvert, ils frappent régulièrement, et l'air mat rend les coups, comme la cupule géante d'une main - ainsi avancent-t-ils dans le décompte des jours, dans la saignée qu'ils tracent.
    Ils restent dans cette fente blanche et pelée, ouverte entre les épaulement des forêts, et qui descend lentement vers la rivière : la rivière lestée de vase, mais profonde, bordée de pins où le vent se lève.
    A travers la vallée elle charrie leurs jours, et ce chagrin qu'ils secrètent, si isolés, comme les derniers représentants d'une peuplade. Il frappent, ou scient, le bleu de la coupole du ciel chante en réponse, voix voilée et répétée.
    Les troncs glissent, atteignent le bord de l'eau. Puis ils descendront en longs trains flottants, jusqu'à l'endroit où ils seront débités.


    ........Un passage d'un film, l'histoire de deux soeurs dont l'une est "folle" et l'autre "normale": leur rencontre avec des hommes pas forcément recommandables, dont l'un s'approche en fin de soirée de la soeur "sage", après qu'ils aient partagé des merguez, pas mal de bière et quelques joints.
    Il y a ce moment où il enlève sa veste et la pose sur ses épaules à elle, parce qu'elle a froid. Par ce geste, la façon dont il le fait, ce qu'ils disent ( "il faudrait que vous y alliez maintenant"/ "oui, on y va") il la fait entrer quelque part, se penchant lui aussi sans plus d'hésitation dans l'aura des corps, le mélange. L'un et l'autre se détendent d'un seul coup (et son geste à lui en a été l'ouverture, sous la protection de cette enveloppe, qu'il lui prête) et glissent
    hors de soi.
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    Message  Irpli Jeu 24 Fév 2011 - 15:31

    Dans le sommeil du sériographe apparaissent des rêves.
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    Message  ireine Dim 27 Fév 2011 - 12:22

    oui, c'est vrai, ça y ressemble bien.
    Après les avoir écrits, je me suis aussi rendu compte que c'était une sorte de rubick's cube.
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    Message  Irpli Lun 28 Fév 2011 - 15:31

    Et quoi de plus sériel qu'un rubick's cube ?
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    Message  ireine Mar 1 Mar 2011 - 19:12

    j'ai pas fait exprès ;)
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    Message  Irpli Mer 2 Mar 2011 - 12:03

    Pareil pour moi.
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    Message  ireine Lun 7 Mar 2011 - 16:01

    je cherche le texte que tu avais posté à propos d'un arbre.
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    Message  Irpli Mar 8 Mar 2011 - 2:54

    Le revoilà :

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