Bien sûr, il y a l'oubli.
- Excusez-moi - mais je n'y pensais presque plus, à celui-là !
Uh.
J'ai longtemps cru à l'oubli comme tout un chacun.
Je savais bien que de ce qu'on vit la redistribution est permanente,
qui plus est imprévisible. Les réalités d'un jour
ne sont décidément pas celles du lendemain, etc.
Mais l'oubli, ses petites poches entreprenantes, sa sagesse notoire
me disaient : "vis et vis, nous nous occuperons du tri pour toi".
Je fonçais, pensez-y, en traverserant la rue par exemple, sans penser
que le passage clouté générerait à terme une masse de souvenir
difficilement compressible et âpre, toujours, à la remémoration.
C'était déjà un legs, cela. L'ouverture d'une porte. Mais encore
de toutes les portes que j'ai pu ouvrir, d'une façon ou d'une autre.
Voilà comme s'offrait à moi l'oubli. Je ne m'épargne aucun détail
quand je dois revoir ça. Même le plus désagréable reste intact.
Alors l'oubli, j'en ai fait une cuvette comme les autres. Ma grammaire.
Et puis, voyez ?
J'ai cette guitare mal accordée à présent.
Je pourrais jouer un air, tranquille.
Toujours les mêmes accords mal combinés, qui ne vont pas former une chanson.
Juste de quoi remplir les cuvettes de l'oubli.
L'affaire d'une dizaine d'années. Repli.
- Excusez-moi - mais je n'y pensais presque plus, à celui-là !
Uh.
J'ai longtemps cru à l'oubli comme tout un chacun.
Je savais bien que de ce qu'on vit la redistribution est permanente,
qui plus est imprévisible. Les réalités d'un jour
ne sont décidément pas celles du lendemain, etc.
Mais l'oubli, ses petites poches entreprenantes, sa sagesse notoire
me disaient : "vis et vis, nous nous occuperons du tri pour toi".
Je fonçais, pensez-y, en traverserant la rue par exemple, sans penser
que le passage clouté générerait à terme une masse de souvenir
difficilement compressible et âpre, toujours, à la remémoration.
C'était déjà un legs, cela. L'ouverture d'une porte. Mais encore
de toutes les portes que j'ai pu ouvrir, d'une façon ou d'une autre.
Voilà comme s'offrait à moi l'oubli. Je ne m'épargne aucun détail
quand je dois revoir ça. Même le plus désagréable reste intact.
Alors l'oubli, j'en ai fait une cuvette comme les autres. Ma grammaire.
Et puis, voyez ?
J'ai cette guitare mal accordée à présent.
Je pourrais jouer un air, tranquille.
Toujours les mêmes accords mal combinés, qui ne vont pas former une chanson.
Juste de quoi remplir les cuvettes de l'oubli.
L'affaire d'une dizaine d'années. Repli.