Une terrasse. Il pleut. Nous sommes en 2023. Je ne renoue avec rien. Ni avec ce jour du printemps 1992 où j'errais dans Paris, où je m'étais arrêté dans un café qui faisait face au Printemps (le magasin). Les affiches criaient : "C'est le printemps !" alors qu'il pleuvait à verses. Tout était aigre ou maussade ce jour-là. Il ne devait pas y avoir de cours de Pierre Boulez au Collège de France. J'étais allé à Paris pour noyer mon vague à l'âme, voilà tout. Ni avec ces autres moments oubliables mais non oubliés parce que consignés dans des cahiers ou des tapuscrits. C'était encore des printemps aigres ou maussades. Ni même avec ces cafés où je me suis arrêté de retour de Paris, à Pantin ou à Bobigny, parce qu'il n'y avait pas de transport ou parce que j'avais le sentiment que le chemin du retour ne serait pas si long où désagréable à effectuer à pied. La saison n'est décidément pas la même. Ici c'est l'automne qui règne. La pluie n'est ni aigre ni maussade en automne. Elle règne. C'est son règne. Et son règne est structural, indifférent à son impact mental, empreint d'une douceur venimeuse : ordre des chutes et souffle.
Nodules d'automne
Irpli- seriata
- Nombre de messages : 2502
série topographique : Series-City
Date d'inscription : 16/12/2004
- Message n°1
Nodules d'automne
Irpli- seriata
- Nombre de messages : 2502
série topographique : Series-City
Date d'inscription : 16/12/2004
- Message n°2
Re: Nodules d'automne
L'automne est une structure sûre. De toutes les compositions mentales, c'est la seule sûre.
L'automne atteste l'incident, les incidences.
Impossible de s'en remettre pleinement à L'automne cependant.
La vie se suffit.
La vie n'est pas une structure mais elle porte l'automne.
Sans vie,
pas d'automne, hein ?
L'automne qui n'est pas que pluie.
On pense aux feuilles qui tombent, on ne voit pas les champignons
qui empoisonnent les champs et durent
ce que les champignons durent
mortellement. Pas une chute de feuille, donc.
Ou même de l'œil.
Mais un pré et un étang
(c'est l'être de l'étang : automne
par-dessus les automnes).
Mais un homme tombe et se replie
à même l'herbe.
La ville n'est pas loin. La pluie
n'est pas pour tout de suite. Le poison ne dit rien.
Tous les poisons ne sont pas des postes de radio !
*
En automne survient l'écueil de l'eau.
L'eau tremble dans le seau et rien n'est stable.
On y plongerait presque la main ! pour attraper
Le genièvre au matin, la parodie du soir
et de la mort.
L'eau miroite, c'est tout.
Et le sol s'ensommeille lentement pendant ce temps.
L'écueil de L'eau où tu trébuches
n'est que renoncement, palinodie et rectification.
Tu ne ressembles pas à un arbre, même
par ta mémoire caduque.
Tu entretiens l'automne
de tes mutations aujourd'hui dévoilées
comme hier tu
les croyais insensibles.
*
L'automne atteste l'incident, les incidences.
Impossible de s'en remettre pleinement à L'automne cependant.
La vie se suffit.
La vie n'est pas une structure mais elle porte l'automne.
Sans vie,
pas d'automne, hein ?
L'automne qui n'est pas que pluie.
On pense aux feuilles qui tombent, on ne voit pas les champignons
qui empoisonnent les champs et durent
ce que les champignons durent
mortellement. Pas une chute de feuille, donc.
Ou même de l'œil.
Mais un pré et un étang
(c'est l'être de l'étang : automne
par-dessus les automnes).
Mais un homme tombe et se replie
à même l'herbe.
La ville n'est pas loin. La pluie
n'est pas pour tout de suite. Le poison ne dit rien.
Tous les poisons ne sont pas des postes de radio !
*
En automne survient l'écueil de l'eau.
L'eau tremble dans le seau et rien n'est stable.
On y plongerait presque la main ! pour attraper
Le genièvre au matin, la parodie du soir
et de la mort.
L'eau miroite, c'est tout.
Et le sol s'ensommeille lentement pendant ce temps.
L'écueil de L'eau où tu trébuches
n'est que renoncement, palinodie et rectification.
Tu ne ressembles pas à un arbre, même
par ta mémoire caduque.
Tu entretiens l'automne
de tes mutations aujourd'hui dévoilées
comme hier tu
les croyais insensibles.
*
|
|