voix dans la forêt
il faut attendre
assis dans les feuilles, là où ça se touche la fin du soir
la voix monte de l’autre côté du bois. Mais là
c'est
ce n’est plus parallèle
deux taches dans l’herbe
presque mélangées.
J’attends, j’ai tenu
tant que je pouvais la note finale,
le soir pèse lourd et l’air ne la porte plus, garde
un peu de réserve pour appuyer
sur la syllabe.
Si tu vas plus loin si tu ne t’assieds pas tu verras
l’endroit où l’ombre est plus pâle, où aucune maison ne serait construite
sur le bord de la clairière tu étendras
une robe vide.
Je suis l’esprit qui parle de l’autre côté du bois, je suis
du côté des mauvais de ceux qu’on tordait
tout petits.
--------------------------------------------------------------------------------------
forêt au sol rouge
Le sol est rouge entre les fûts
droits
des arbres et sous les doigts des feuilles je ne vois pas plus loin que la crête perdue
je tourne, comme le bas des jupes, comme les bras
quand on tourne sur soi, enroulez-vous
bras allégés de toute charge
il n’y a qu’a cueillir recueillir les petites taches
de lumière bleue
je descends
vers
le
sol, rouge comme un mur de brique, l’herbe des rêves
je me plie et mets un peu
de feu dans les feuilles sèches.
Esprit
qui brûles le soir dans les bois -
qu’on touche parfois des doigts qu’on voudrait
captif dans les paumes,
esprit
c’est seule toujours qu’on t’entend.
Lui est debout, déhanché - au - bord - des -
bois, il laisse sur le sol
le fer l’acier, et réfléchit
lumière - comme on n’entend pas.
Comme il faudrait qu’il t'entende, esprit dédié aux femmes
mais je suis bien,
seule, ici, petite, courant et pas tout à fait perdue.
je tiens une lumière dans mes mains, je fais cuire mes doigts pour toi.
--------------------------------------------------------------------------------------
forêt sous la lune
A la lumière de la lune, maison et sa cheminée
cernée d’herbe noire et de rameaux divisés
à la lumière des peurs
brille la petite barrière pâle
J’y entre sans peser sur le seuil, toute clé toute serrure
coulant, comme l’eau sous les
mains
J’ai franchi d’un saut le seuil et l’effroi.
rien ne bouge,
rien n’est vivant sinon, vaguement mouvant rien n’est
habituel, ou convenu.
Je pose sur ta table
mes questions
et tu n’as pas la parole, Animal
tu ne sais
plus rien, sauf manger mourir.
-------------------------------------------------------------------------------------
forêt ouverte
soudain la lumière baisse
dans la forêt
dans le rond de la clairière.
un acte suspendu en plein milieu, qu’on ne peut pas voir.
C’est le halo de cet acte,
évidé
qui fait tourner ainsi la lumière
comme une ombre d’éclipse
en croissant.
et dans cette lumière d’ombre elle soudain se lève, jette les fleurs et
c’est ce qui sert de signal à la forêt
Pour s’ouvrir
devant elle, devant ses pas, portant en elle l’animal.
Il est tout en bas de moi, dit-elle, il m’empêche de marcher.
il est très petit, il voyage dans les gorges, dans les voix.
il me frappe d’un éventail derrière les genoux et répond aux questions que je posais
à celle qu’ il a maintenant mangée, désertée
c’est en lui que je te rejoins enfin, Mère Grande.
Il y a un grand trou dans la digue
des arbres, au bout de la clairière
une armée d’arbres s’ouvre et se fend
une allée – et c’est tout droit elle ne le croyait pas
c’est là
que ça va
vers le lit genoux relevés où elle attend toujours,
et lui assis à l’intérieur d’elle, avec sa science en lampe sourde
des yeux comme du laiton dans la lumière lunaire,
avec ses poils tout autour de la gueule et des oreilles et des yeux et des dents
de scie
il les portera, toutes deux au chaud, noir parfait,
il portera leurs questions, dans ses réponses.
Et puis la mort accouchera tout ça.
--------------------------------------------------------------------------------------
la forêt demain
Il faut traverser la nuit. se préparer.
C’est un long conduit qui pousse vers quelque chose, comme si un long tuyau traversait la forêt
la nuit. quelque chose de gris. On rame
à l’intérieur des cauchemars mais il faut aller
« il faut »
Pourtant l’instant d’avant on était assis au bord du monde, les pieds pendants les yeux lisant les buées sur l’horizon sur la cathédrale,
blanche comme un os.
« Ramenez »
on ramène
de là
sur les épaules
et c’est tellement lourd cette traversée
de la forêt de la nuit des rêves
morts-vivants en soi.
elle le porte comme un ver,
nu,
le transporte de haut en bas dans les ogives, les dents des montagnes et les scies des pôles
le porte avec ce
dont jamais on n’a été sevré, un lait rouge un disque cuivré.
marchant malgré tout
sur l’ogive de ses jambes.
dans la forêt.
il faut attendre
assis dans les feuilles, là où ça se touche la fin du soir
la voix monte de l’autre côté du bois. Mais là
c'est
ce n’est plus parallèle
deux taches dans l’herbe
presque mélangées.
J’attends, j’ai tenu
tant que je pouvais la note finale,
le soir pèse lourd et l’air ne la porte plus, garde
un peu de réserve pour appuyer
sur la syllabe.
Si tu vas plus loin si tu ne t’assieds pas tu verras
l’endroit où l’ombre est plus pâle, où aucune maison ne serait construite
sur le bord de la clairière tu étendras
une robe vide.
Je suis l’esprit qui parle de l’autre côté du bois, je suis
du côté des mauvais de ceux qu’on tordait
tout petits.
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forêt au sol rouge
Le sol est rouge entre les fûts
droits
des arbres et sous les doigts des feuilles je ne vois pas plus loin que la crête perdue
je tourne, comme le bas des jupes, comme les bras
quand on tourne sur soi, enroulez-vous
bras allégés de toute charge
il n’y a qu’a cueillir recueillir les petites taches
de lumière bleue
je descends
vers
le
sol, rouge comme un mur de brique, l’herbe des rêves
je me plie et mets un peu
de feu dans les feuilles sèches.
Esprit
qui brûles le soir dans les bois -
qu’on touche parfois des doigts qu’on voudrait
captif dans les paumes,
esprit
c’est seule toujours qu’on t’entend.
Lui est debout, déhanché - au - bord - des -
bois, il laisse sur le sol
le fer l’acier, et réfléchit
lumière - comme on n’entend pas.
Comme il faudrait qu’il t'entende, esprit dédié aux femmes
mais je suis bien,
seule, ici, petite, courant et pas tout à fait perdue.
je tiens une lumière dans mes mains, je fais cuire mes doigts pour toi.
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forêt sous la lune
A la lumière de la lune, maison et sa cheminée
cernée d’herbe noire et de rameaux divisés
à la lumière des peurs
brille la petite barrière pâle
J’y entre sans peser sur le seuil, toute clé toute serrure
coulant, comme l’eau sous les
mains
J’ai franchi d’un saut le seuil et l’effroi.
rien ne bouge,
rien n’est vivant sinon, vaguement mouvant rien n’est
habituel, ou convenu.
Je pose sur ta table
mes questions
et tu n’as pas la parole, Animal
tu ne sais
plus rien, sauf manger mourir.
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forêt ouverte
soudain la lumière baisse
dans la forêt
dans le rond de la clairière.
un acte suspendu en plein milieu, qu’on ne peut pas voir.
C’est le halo de cet acte,
évidé
qui fait tourner ainsi la lumière
comme une ombre d’éclipse
en croissant.
et dans cette lumière d’ombre elle soudain se lève, jette les fleurs et
c’est ce qui sert de signal à la forêt
Pour s’ouvrir
devant elle, devant ses pas, portant en elle l’animal.
Il est tout en bas de moi, dit-elle, il m’empêche de marcher.
il est très petit, il voyage dans les gorges, dans les voix.
il me frappe d’un éventail derrière les genoux et répond aux questions que je posais
à celle qu’ il a maintenant mangée, désertée
c’est en lui que je te rejoins enfin, Mère Grande.
Il y a un grand trou dans la digue
des arbres, au bout de la clairière
une armée d’arbres s’ouvre et se fend
une allée – et c’est tout droit elle ne le croyait pas
c’est là
que ça va
vers le lit genoux relevés où elle attend toujours,
et lui assis à l’intérieur d’elle, avec sa science en lampe sourde
des yeux comme du laiton dans la lumière lunaire,
avec ses poils tout autour de la gueule et des oreilles et des yeux et des dents
de scie
il les portera, toutes deux au chaud, noir parfait,
il portera leurs questions, dans ses réponses.
Et puis la mort accouchera tout ça.
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la forêt demain
Il faut traverser la nuit. se préparer.
C’est un long conduit qui pousse vers quelque chose, comme si un long tuyau traversait la forêt
la nuit. quelque chose de gris. On rame
à l’intérieur des cauchemars mais il faut aller
« il faut »
Pourtant l’instant d’avant on était assis au bord du monde, les pieds pendants les yeux lisant les buées sur l’horizon sur la cathédrale,
blanche comme un os.
« Ramenez »
on ramène
de là
sur les épaules
et c’est tellement lourd cette traversée
de la forêt de la nuit des rêves
morts-vivants en soi.
elle le porte comme un ver,
nu,
le transporte de haut en bas dans les ogives, les dents des montagnes et les scies des pôles
le porte avec ce
dont jamais on n’a été sevré, un lait rouge un disque cuivré.
marchant malgré tout
sur l’ogive de ses jambes.
dans la forêt.