Janvier-février 1996
Il y a eu que j'étais tellement mal installé, et je devais mourir, ou faire semblant ce qui, dans un monde-comme, ou comme-monde le nôtre, serait sinon la même chose, ou du moins reviendrait au même. Toute une syntaxe de présence-au-monde, à l'exception de ce que Freud nommait le système perception-conscience (PC). Écrasement de corps sur une pelouse toute fraiche tondue, et sous la pluie.
Alors on me convoque chez un psychiatre, qui reste silencieux tandis que je l'écoute, en lui donnant à lire quelques poèmes qu'il associe à Paul Celan, et je lui dis très bien et je ressors. Jusqu'aux plusieurs mois qui verront le drame comme s'amplifier, c'est là que j'aurai dû mourir par la falaise, je lui dis, et ce seront quelques paroles qui résoudront le temps horrible qui me multiplie, donc me déchire, comme m'avait amené (ce temps) à la rue Francs-Bourgeois, une rue que je juge impossible à entendre maintenant, on me convoque et je ressors, j'ai conscience d'avor été impliqué dans une histoire dont le rapport ne peut que m'être défavorable dans la mesure où quelque chose se construit ou se poursuit à travers moi, je souhaite donc mourir.
Je propose que l'on meure, et voir à quoi même cela doit aboutir – ne suscitera rien, que de terrible dans le « mal foutu » qui serait une discipline, je crains, à cause justement d'un rêve violet de maison imbriquée dans un récit de claquement de portes.
Je ne reviendrai rien, je te ferai péter les dents, les miennes.
Je sais ce qu'il y a à voir, nous sommes bien ici et je te tends la main, geste très tendre qui attend – et tu le sais – une réponse plus que cruelle.
Dans une mare
on liquide la rue
la rue étroite les paravents
marchent lents
et je les compte je
marche
sous la flaque qui dure
contre le mouvement irréversible des saisons.
Nous aurions pu rester longtemps à cet endroit devenu invivable, autant pour l'un que pour l'autre et sans qu'il y ait de raison à cela. Ou quelque chose nous écrasait et nous aimions finalement puisque nous devions y rester (longtemps). Et lorsque tu as eu bu de mon sang, que je t'avais offert depuis la main qui panse les plaies que tu lui offres et que tu as percée, à un endroit précis pour justement y voir un peu de sang, couler, et goûter de mon sang ce que, sans doute, peu auraient osé, tu as tiré des lignes sur nos vivres et comme je n'ai pas l'intention de te revoir, sauf à te reconstruire entièrement, je reproduis les marques de notre rencontre, à voir à quoi elle devait aboutir – plusieurs années ensuite ou : en-deçà.
Je propose que tu gicles de ma tête, de mon histoire. Quitte à un écrasement de tête, le peu oubli.
Je propose même que tu retraces « le chemin parcouru » ensemble.
J'en finirai bientôt, avec toute proposition. Il n'y a pas à poursuivre longtemps. Il faut aller ailleurs, lorsque rien ne convient. Cette maison ne devait pas nous accueillir. Nous n'étions pas comme des hôtes.
* * *
Ou bien. Il resterait à voir ce que redonne une pareille marque, « conjonction ». Et donc, ce qu'il y a / y aurait à conjoindre. Tout ce à quoi je puis repenser, aujourd'hui dans le temps, remonte sans doute « à très loin ». Je pose le problème par invectives successives. Dans un rêve je marche une hache à la main, sur mon passage ce sont des dizaines de personnes qui tombent. C'est lorsqu'une seule me fait face, la terreur me prend, je rentre dans une maison vide que l'on appelle « maison du crime ». J'ai ma version du crime. Je ne la partage pas.
Dernière édition par pascal le Mar 14 Sep 2010 - 3:38, édité 2 fois