Irpli Sam 22 Oct 2005 - 15:49
Il faut pourtant savoir que (d'après des sources orales, Stade de l'est pavillonnais, 1998) ce qu'on appelle "division" aujourd'hui était autrefois nommé "série". Cette division est restée dans différentes disciplines, en particulier au tennis. L'avènement du sport relève de la même dynamique que l'administration, l'industrie et les sciences ; son organisation relève de la même structure sociale que les autres administrations. La mise en place de séries éliminatoires relève de la même logique que la loterie, qui fut l'un des tout premiers domaines à intégrer le mot "série" (Dictionnaire de l'Académie française, 1798).
La notion de "série noire" est intéressante elle aussi parce qu'elle relève de la même culture populaire (ou plutôt : de masse). La "série noire" a désigné assez tôt (datation indéfinie, courant XIXe siècle) une suite d'événements marqués du sceau du malheur. L'expression a fait florès, un journal comme Aujourd'hui / Le Parisien en fait un usage des plus abondants ! Nous obtenons par là - la fin d'une série noire pour l'om - un croisement de séries des plus intéressants, puisque cette "série noire" résulte d'une statistique [par déf. sérielle], doublée d'une loterie (je n'insiste pas) car, si je ne m'abuse, les groupes préliminaires sont sélectionnés au cours d'une loterie, le tout constitue un tableau (de séries, bien sûr), à l'intérieur duquel le supporter de l'OM croit lire une "série noire". On voit qu'il s'agit d'une chose peu banale que cette série noire car elles a des motivations discursives profondes.
On voit également que la "série", si on l'étudie dans un cadre comme celui du football, ne revient pas à une idée mais à une agrégation de faits distincts et qui forment un réseau plus ou moins puissant et plus ou moins dynamique : dans le football, c'est un fantome de rationalité ; dans le domaine de l'édition et de la télévision, au contraire, la "série" a fini par devenir une entité exorbitante ! En musique, ça se calme, puisqu'on est au post-sérialisme. Mais le mot "série", devenu si récurrent dès lors qu'on eut connu l'oeuvre de Schönberg et de ses élèves, était déjà bien présent dans les traités de musique antérieurs, parce qu'elle s'adaptait merveilleusement aux structures qu'elle permet de décrire : la hauteur, les durées, les degrés d'intensité, les attaques même, les timbres également...
Un jour, on pourra étudier les "latences" de la série. On partira du principe que toute série tend vers un degré extrême, exorbitant. Certains discours - Fourier, Cournot, Deleuze, Boulez... - nous donnent une idée de ces degrés extrêmes.