Gilles Sam 17 Sep 2005 - 17:44
pascal a écrit:[…] j'ai le sentiment de deux [je ne sais pas comment les appeler] "ordres", deux formes de développement : l'exposition et la prolifération.
Je pense saisir ce que tu tentes de définir ; mais comme toujours, définissons d'abord les mots, car il n'y a pas de pensée sans les mots.
Un aspect du problème, à mon avis, vient du fait qu'en pensant "règle", la plupart des gens pensent "rigidité". Mais ce trait — rigidité — n'est pas nécessaire au concept de règle. Par analogie, puis-je dire que ton "exposition" suivrait les règles de développement du cristal (Mondriaan ou Webern), et ta "prolifération" les règles de développement des végétaux (Kandinsky ou Stockhausen) ? Autrement dit, le cristal suivrait des règles, et le végétal se développerait "librement".
Mais les végétaux (et les animaux) se développent selon des règles tout aussi rigoureuses * que les cristaux ! Au niveau moléculaire, s'entend. Ce qui nous trompe, c'est l'échelle à laquelle nous observons.
Dans l'art, on peut supposer que l'œuvre suit les règles que l'artiste choisit librement, ou celles qui lui sont imposées par sa personnalité ; on peut supposer aussi qu'il en change. Soit au cours de sa vie, soit à l'occasion de la production de chaque œuvre. Peu importe.
Autrement dit, la rigueur apparente des règles n'a qu'un rapport indirect avec le produit réalisé, l'œuvre si on préfère. Une différence fondamentale entre la nature et l'art est que l'artiste choisit ses règles. Je pense aussi qu'on appelle souvent "règles", après coup, des impulsions plus ou moins inconscientes. C'est un autre débat.
Et moi aussi, je théorise en balbutiant. Après tout nous sommes samedi.
*
Et peut-être plus, car un cristal est plus simple qu'un embryon.