sonnet ? sériel ?

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Je fume joint sur joint ils sont si infinis et c’est la nuit,
Je tire ligne sur ligne comme je respire sur la nuit que j’écris,
J’aspire à écrire des lignes ni de nuit ni de joint mais
De vers de poèmes aux longs vers aux longs cours, cours toujours

Jusqu’au bout du jour au bout du joint de la ligne c’est la nuit
Longue de jours pleins de vers qui s’étirent et que j’écris
Pour ne pas crier pourtant ça fait du bien d’écrier non mais
D’écrire de rire alors passe-passe-moi ce jour qui tourne toujours…

Pour fumer joint sur jour tou sur jours toute la ligne la nuit
Et que ça sonne ¡ sí señor ! yo también c’est la vie que j’écris
Que j’écrie que j’écume rime à rime non sans crime mais

Voilà pour que ça sonne ça re-sonne ça résonne je répète toujours
Je fume joint sur joint ils sont si infinis et c’est la nuit
Des pétards du 14 juillet jusqu’au bout de la ligne que j’écris.



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Le tome 1 de correspondance de Verlaine vient de paraître. C'est une excellente nouvelle quand on sait que Verlaine est l'auteur de "sériette", resté un "hapax" dans le jargon des linguistes, et ce précisément dans sa correspondance !

Je pense à Verlaine pour le vers long - tu vas me dire : j'aurais pu penser à Aragon. En plus je sais que tu aimes bien Aragon. Je t'aurais même tanné pour la 200 003ème fois sur la fameuse ! préface d'Aragon, pour te dire que ce texte m'a marqué, pas la suite mais bon. Donc, je pense à Verlaine dont les poèmes avec leurs vers si longs qu'on a crainte pour eux - qu'ils se désagrègent !

L'adjectif "sériel" est magnifique, je trouve. Peut-être devrait-on faire un sondage pour savoir si l'adjectif "sériel" est ce qu'il y a de plus beau ? Mais non, car c'est un adjectif : brrrrrr...

"Sériellement" est bien plus beau : nous sommes dans le procès de la série, autrement appelé "affaire série". Voilà que la série cependant avec le penchant totalitaire que nous lui connaissons se fait juge et partie, coupable, victime et unique témoin, couteau et gorge tout à la fois. Et tout cela, dans sa belle robe incarnade.

Sonnet, question : là-dessus pas d'hésitation puisque le poème lui-même s'affirme sonnet ; je ne refuse jamais à quelqu'un l'identité dont il se revendique. Toutes, cependant, sont également illusoires, non ?

Les structures sérielles de ton poème se signalent en effet dès la double rotation :

joint sur joint
ligne sur ligne

Le coeur du poème sensible dès le toucher de sa peau (de poème), ce ne sont pas seulement les figures circulaires qu'autorisent ces petits redoublements, c'est leur existence presque angoissante au sein d'un vers si long qu'etc. Comment vont-ils survivre en effet, puisqu'on sait que les gens ne disent pas : "joint sur joint sur joint sur joint sur joint", etc. ? Ils préfèrent : "On a bombardé grave cette nuit".

Ce n'est pas qu'une question narcotique, c'est aussi une problématique littéraire : "ligne sur ligne". Alors tout se dérègle :

"joint sur jour tou sur jours"

Voyez le toupet du poète qui ose affirmer alors :

Voilà pour que ça sonne ça re-sonne ça résonne je répète toujours

Oui ! il en faut du toupet pour dire : "je répète toujours" alors qu'on vient, de main non de boucher mais de charcutier-traiteur, de dissocier "tou" et "jours", au risque d'un choc déstabilisant pour le lecteur, bref. Voilà bien pourquoi Platon chassa le Poète : impunément celui-là s'ingénierait à NIER ce qui EST ? Foutre.

C'est d'ailleurs le point qui achoppe le plus directement à la technique sérielle. "Sous ce qui se répète, il y a ce qui continue", écrivait narquoisement Paul Claudel. Ce qui continue irréversiblement, comme une circulation de choses en perpétuelle mutation.

J'ai, moi aussi, adhéré aux vieilles traditions liées au 14 juillet.
Camarade ! Je te salue.

Ben ça vaut le coup de tirer des lignes une veille de mi-juillet,
La généreuse lecture que ça rapporte, bien calorique avec
Des vrais morceaux de Verlaine dedans... ça c'est pas du 0 % !
Et merci pour Aragon, c'est vrai j'ai même pas honte de le reconnaître :
C'est lui mon premier modèle, j'en suis imprégné comme un poussin par le premier fer à repasser qu'il croise en sortant de l'oeuf...
Rien que sa fameueuse préface (à quoi déjà ?) et pour sa bourgeoise contribution au fonds poétique surréaliste
(Je pense entre autres à la formule

" La femme est l'avenir de l'homme "

aussi absurde et géniale que

" La terre est bleue comme une orange " de son pote, ou au

" J'ai plus de cheveux blancs que de cheveux " de chais plus qui.

Ce qui m'a fasciné d'emblée chez ce faiseur de vers ç'a été entre autres les mètres néo-classiciques de ses poèmes et surtout l'hexadécasyllabe :

" Allez va-z-y la mélodie allez va-z-y la mécanique
Le drame des Guatemala comme ta propre tragédie
Entre à tous bouts de champ dans ton poème y semant la panique
Allez va-z-y la mécanique allez va-z-y la mélodie "

et, en relisant ce "sonnet" "sériel" que découvreu-je :
Tous les vers impairs sont des hexadécasyllabes !

Voyons voir pour voir... :

Je fume joint sur joint ils sont si infinis et c’est la nuit,
J’aspire à écrire des lignes ni de nuit ni de joint mais
Jusqu’au bout du jour au bout du joint de la ligne c’est la nuit
Pour ne pas crier pourtant ça fait du bien d’écrier non mais
Pour fumer joint sur jour tou sur jours toute la ligne la nuit
Que j’écrie que j’écume rime à rime non sans crime mais
Je fume joint sur joint ils sont si infinis et c’est la nuit

...Ouais, c'est pas mal, bof... ouais faut voir.

Vous dîtes : "J'ai plus de cheveux blancs que de cheveux"
Vous ne vous moquez pas de moi, j'espère, jeune homme ?

Moi je me moque de tous ceux à qui ça fait plaisir.

Bien envoyé !

Comment cela ? Mais je vais vous buter, tous autant que vous êtes, à la fin !

Mais il n'y a pas de fin.....

Vous ne m'y agacez pas moins, jeune blanc-bec.

vous évoquez Verlaine ...
mais à deux lettre près, peut-on poéter en verlan sur ce forum ?

je sais pas pourquoi je demande ça, je ne sais pas faire non plus !

bref, je me "répète toujours" : mais qu'est ce que je fous là ?

remarque qu'il n'y a pas de meilleur endroit pour se poser cette question

ah ?? on pourrait mine de rien nous donner la réponse ???

vraiment très mine de rien

...

Verlaine !! pas vermine !!!
pfff ! tu ne connais pas tes classiques !

Je peux peut-être vous aider ?

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